En 1980, il rencontre Serge Gainsbourg et se livre avec lui à une brève facétie verbale : “Et cætera c’est adéquat”. Dans un grand magasin, celui où Marcel Duchamp a acheté son porte-bouteille, il fait inscrire cette phrase sur des plaques minéralogiques, pour commémorer l’événement. Il adopte le support de la plaque dès 1981, c’est rapide à réaliser, et l’artiste n’a rien à faire, si ce n’est de passer la commande par téléphone directement au fabricant. Il réalise plusieurs œuvres dans un esprit proche des artistes Pop. Les plaques désignent chacune une partie de l’objet global qui mises bout à bout, recomposent la forme de cet objet.
En 1985, il expose à New York pour la première fois, à la galerie Emily Harvey, qui défend principalement des artistes du mouvement Fluxus. À Paris l’année suivante, il présente ses œuvres à la Galerie Polaris. Joël Ducorroy retourne à New York en 1987 pour une nouvelle exposition personnelle et rencontre à cette occasion, Andy Warhol.
Il fait la connaissance d’artistes Niçois, et participe à plusieurs accrochages. Une première exposition au Galerie d’Art Contemporain des Musées de Nice lui est consacrée. Le Musée d’art Moderne de Tokyo l’invite en 1989, pour participer à l’exposition Color or monochrome. Régulièrement, Joël Ducorroy intervient dans des soirées de poésie sonore à La Revue Parlée du Centre Pompidou présenté par Blaise Gauthier.
Joël Ducorroy adopte la dénomination d’artiste plaquetitien, qu’un ami de Raymond Hains, Jean-Claude Lange lui a suggéré. Il rencontre Marcel Marïen, artiste surréaliste belge. Chaque séjour à Bruxelles sera l’occasion pour Ducorroy de lui rendre visite. Neuf galeries se réunissent, en 1991, pour fêter ses dix ans de travail. À la fin de l’année 1992, Le Confort Moderne à Poitiers lui offre la possibilité de réaliser une œuvre importante. Il compose en plaques minéralogiques l’intérieur d’un appartement de type F4. Plus de mille plaques sont nécessaires à la fabrication de cette œuvre. En automne 1998, le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice lui organise une exposition monographique. Lecteur de Gide, de Bukowski, et de Burroughs, Joël Ducorroy en collectionneur de mots, joue avec l’art. On le qualifie d’humoriste néo-conceptuel. Joël Ducorroy a trouvé un truc –le truc c’est le style– pour lequel il suffit de savoir lire pour comprendre. Tout comme un de ses maîtres Rodtchenko, il applique ses idées, dans différents domaines comme l’architecture, la création de tissus, et la photographie.
Une exposition personnelle a été réalisée à la Fiac 2003 avec la galerie baudoin lebon. Une rétrospective de ses éditions a fait l’objet d’une exposition à la galerie Artcurial. Pour cet évènement, Critères Editions réalisent le catalogue raisonné de ses éditions et multiples. Avec l’agence d’architecture Construire (Patrick Bouchain, Loïc Julienne) il participe à la construction de la nouvelle scène nationale de Calais le Channel en intervenant sur l‘aménagement d’un bâtiment le Pavillon de lettre. (Plus de 7000 plaques sont disposées sur les quatre façades du bâtiment.)
Début 2009, Critères Editions éditent la première monographie, rédigée par Marlène Girardin, sur l’artiste plaquetitien. En 2011, il expose à la Chapelle de la Visitation à Thonon-les-Bains sur la proposition du commissaire d’exposition Philippe Piguet et à la galerie baudoin lebon où l’artiste plaquetitien a invité certains de ses amis artistes dans son propre accrochage. Fin 2011, les éditions de l’Ariane dirigée par Tita Reut présente Titre de Joël Ducorroy chez Pierre Durieu. La collection Sackner s’enrichit de deux œuvres de Joël Ducorroy, celles-ci sont accrochées dans l’exposition qui est consacrée à la collection au Frost Art Museum à Miami début 2012.
Dans le cadre de l’appartement expérimental, le Familistère de Guise présenta en 2014, l’Appartement témoin de son temps de l’artiste plaquetitien. Le centre d’art de Châtellerault exposa une centaine d’éditions et multiples et durant l’été l’espace des arts André Malraux à Colmar montra une centaine d’œuvres uniques. En 2015, en hommage à Eustache Ducauroy, compositeur picard et musicien d’Henri IV, et surtout possible ancêtre de l’artiste aux plaques minéralogiques, le musée de Soissons offrit à Ducorroy l’espace de l’Arsenal, sous la direction de Dominique Roussel, un accrochage rétrospectif avec les différents aspects de son travail sur 30 années. Durant l’été de la même année à la Maison Elsa Triolet-Aragon, Ducorroy a réuni un ensemble d’oeuvres qui nous parle de peinture et une suite de plaques évoquant la vie d’un écrivain imaginaire. Sous le commissariat de Robert Bonaccorsi, un nouvel accrochage, Chronique, avec plus de 160 œuvres, est proposé pendant l’été 2016 à la Villa Tamaris. Le catalogue de cette exposition est constitué de deux volumes ; un avec des reproductions d’œuvres, l’autre d’une nouvelle écrite par Patrick Roegiers.
Joël Ducorroy est représenté depuis 1994 par la galerie baudoin lebon à Paris et par la galerie Kahn.